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L'année rap 2022
#79
Je comprends un peu le succès de BB Jacques. Il rappe comme un automobiliste énervé et pas très net qui t'éructe dessus car tu lui collais un peu trop au cul au feu rouge. Il emploie un langage un peu plus soutenu que la plupart des autres rappeurs. Et il pose sur des productions mélancolico-planantes. Tout ça lui donne une personnalité juste assez étrange et sophistiqué pour le démarquer des autres nazes du rap français et plaire à un public plutôt "hipster".

Perso, je trouve ça ampoulé à mort. On dirait que le mec cherche à être cryptique et dérangé alors qu'il est en fait plutôt banal dans son propos. Et je trouve que sa façon de rapper lui donne une intensité très artificielle, une urgence qui peut fonctionner sur un morceau mais qui s'essouffle lamentablement sur un projet entier. Ça fait forcé en permanence.

Mais voilà, c'est un rappeur qui plaira sans aucun doute aux bobos, aux étudiantes en fac de lettres, et qui sera invité chez Anne-Élisabeth Lemoine sur France 5, laquelle le complimentera en disant (avec une émotion probablement un peu sincère) que sa prestation sur son plateau était puissante et pleine d'émotions...

Prince Waly, par contre, je trouve ça vraiment bien. Déjà, musicalement, il est 100 fois meilleur pour choisir ses productions et construire un album. Le mec arrive à jongler avec Ali, Freeze Corleone et Makala (qui ont tous un style super différent) sur un seul projet, c'est fort. Et puis c'est un peu l'inverse de BB Jacques, j'ai l'impression. Selon moi, BB Jacques, c'est un mec banal qui veut faire le mec sophistiqué. Alors que Prince Waly, c'est un gars sophistiqué qui sait rester simple (malgré son phrasé un peu ampoulé).
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