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Les livres sur le rap
#46
C'est pas comparable au rock français, la variété française était un mélange de rock et de disco. Il n'y a pas eu d'équivalent rock en France (équivalent au sens où ils utilisent la même esthétique) que le Velvet, Pink Floyd ou Hendrix. La variété française a été la prolongation des yéyé...

Alors que le rap français a la même esthétique que le rap us, tu retrouves globalement du boom bap, trap et autre cloud...

Pour le public, quelle différence observes-tu avec les US ? Dans les deux cas, on a de la masse, avec de l'ultra sélection geek à la pop MTV, du pauvre au riche, du noir au blanc. Par contre, pas de mépris culturel aux US contrairement à la France.
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#47
ice-axe a écrit :Le rap français s'inscrit beaucoup moins dans la variété (on va dire "pop") que le rap américain! Tu ne vois aucun groupe de rap français dans les chaines mainstream et "Public!" fait ses couv sur Jay Z, Kanye West ou Drake, pas sur Jul, PNL ou Damso. Jay-Z a le phone d'Obama et est accepté en tant qu'artiste "pop", alors que pour Booba, les politiques lui crachent dessus malgré un succès incontesté depuis 20 ans et il passe pas sur TF1 ou dans les talk shows cool.

Booba a fini par passer sur TF1, à Sept à Huit. Et sinon, ça y est, les rappeurs sont quand même beaucoup plus présents dans les médias mainstream qu'autrefois, en tout cas ceux qui ne font pas trop peur. Il s'est passé la même chose qu'avec le rock.

Le mépris de l'élite française pour les mouvements de jeune et la culture populaire, c'est une constante de son histoire. On n'a qu'à en revenir à l'époque des yéyés, puisque tu la prends comme exemple. La seule chose qui s'ajoute à cela avec le rap, c'est un racisme larvé.

ice-axe a écrit :Je pense que le débat se place plutôt sur "qui fait évoluer le game" plutôt que la qualité. Car encore une fois, la qualité musicale en France est là. Les US n'ont pas accès au rap français donc il n'y aura jamais de validation sur la qualité du rap français de leur part, mais le faudrait-il? Si demain, t'as Drake qui appelle un producteur français pour des sons, ça n'étonnera personne (de la même façon que Lady Gaga a appelé DJ Snake par exemple ou Black Eye Peas avec David Guetta, ou même inversé Pharrell/Dafts).

Les étrangers (américains et autres) se sont intéressés à IAM, à MC Solaar, et plus récemment à PNL, comme ils s'étaient intéressés à Serge Gainsbourg, à Jacques Dutronc ou à Brigitte Fontaine. Pas le grand public, mais il est faux de dire que c'est une question d'accès.

ice-axe a écrit :Perso, quand je vois des trucs qui innovent, qui "font évoluer le game", genre un Damso, un PNL, Triplego ou Jul, etc. je ne vois pas l'équivalent dans le rock français qui ait fait évoluer le game, Johnny ou Goldman sont restés au stade Benny B du rock. C'est juste mauvais car en fait ils sont restés dans une pratique rock archaïque et sont ensuite passés à de la variété.

Ils ont fait évoluer le game, en France. Tout comme les yéyés, qui ont été les plus gros game changers de la musique populaire française.
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#48
ice-axe a écrit :C'est pas comparable au rock français, la variété française était un mélange de rock et de disco. Il n'y a pas eu d'équivalent rock en France (équivalent au sens où ils utilisent la même esthétique) que le Velvet, Pink Floyd ou Hendrix. La variété française a été la prolongation des yéyé...

C'est une définition très réductrice et très circonscrite dans le temps de la variété. Le principe de la variété, comme de la pop (les deux sont synonymes), c'est d'être des attrape-tout. C'est l'adaptation d'une tradition musicale populaire aux formes dominantes du moment.

Il n'y a pas eu de Velvet, de Pink Floyd ou d'Hendrix en France, mais il y a eu un Gainsbourg. Il n'y a pas eu de Velvet, de Pink Floyd ou d'Hendrix en France, mais il n'y a pas eu de Dr. Dre ou de Wu-Tang Clan non plus.


ice-axe a écrit :Pour le public, quelle différence observes-tu avec les US ? Dans les deux cas, on a de la masse, avec de l'ultra sélection geek à la pop MTV, du pauvre au riche, du noir au blanc. Par contre, pas de mépris culturel aux US contrairement à la France.

Je parlais d'une différence entre le public du rap français en France, et le public du rap américain en France. Les deux ne se recoupent qu'en partie.

Quant au mépris culturel, c'est exactement ce dont ont souffert les yéyés, et dans leur lignée l'ensemble des musiques anglo-saxonnes, auxquelles ils étaient associés.


Bref, on veut flatter notre fierté nationale en proclamant haut et fort l'importance du rap français, alors qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil. C'est juste qu'on appelait autrefois la variété-rock "variété", alors qu'on appelle désormais la variété-rap, "rap" tout court.

Sans doute tout simplement parce que ses acteurs n'ont pas la même couleur que les autres.
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#49
Et pourquoi on ne dirait pas tout simplement que le rap est une musique américaine, comme le reggae est une musique jamaïcaine?

L'analogie me semble assez correcte. Il y a du reggae allemand, français et même suisse et ils n'auront jamais aucune espèce d'influence sur le reggae de Jamaïque. Le rap c'est pareil. Accept no substitutes.
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#50
codotusylv a écrit :Booba a fini par passer sur TF1, à Sept à Huit. Et sinon, ça y est, les rappeurs sont quand même beaucoup plus présents dans les médias mainstream qu'autrefois, en tout cas ceux qui ne font pas trop peur. Il s'est passé la même chose qu'avec le rock.

Booba dans 7/8, c comme Gynéco avec Sarko, on est dans la "bête curieuse", l'anecdotique. Ça n'a pas la même proportion que des rappeurs US dans les médias mainstreams, sans parler des institutions. Pour un exemple "bête curieuse" pour un courant qui domine les ventes depuis 20 ans (et faut réfléchir pour se souvenir d'un Booba à 7/8), tu as en comparaison aux US, pour un même mouvement qui domine les ventes, des milliers d'exemples.

Les gros rappeurs US sont en permanence sur les plateaux des médias mainstream. J'ai jamais vu un Jul, un PNL, un Damso dans un média mainstream alors qu'ils sont disques multi-platines. Ce serait impensable aux Etats-Unis.

Je pense que c dû à un esprit pragmatique du business qui prend le dessus, là où en France, ce même esprit business est barré direct par une caste sociale s'érigeant en maître du bon goût culturel. On joue pas avec la "culture" ici ahah. D'ailleurs, si PNL ou Jul refuse le jeu médiatique, c'en est une conséquence directe, certainement pas calculé et consciente au départ. Ils ont intégré qu'il vaut mieux faire d'une force marketing cette faiblesse. Sinon, ils seront au mieux de simples bêtes curieuses à qui ont demande de faire Yoyo chez Ruquier et rien d'autre. NTM et IAM en ont essuyé les plâtres...

codotusylv a écrit :Le mépris de l'élite française pour les mouvements de jeune et la culture populaire, c'est une constante de son histoire. On n'a qu'à en revenir à l'époque des yéyés, puisque tu la prends comme exemple. La seule chose qui s'ajoute à cela avec le rap, c'est un racisme larvé.

Justement, je ne pense que l'exemple des yéyés soit bon. Si l'élite l'a méprisé au début, quelques années?, ils ont vite été acceptés, contrairement à 30 ans de rap français. Par exemple, les yéyés ont été à la télé durant toute mon enfance (année 80-90) alors même que le phénomène était fini. Les yéyés n'ont pas connu le mépris.

Je ne crois pas que le racisme larvé explique aussi cela, car c la même chose aux Etats-Unis. On est plutôt dans du mépris culturel encore une fois, le business ne peut pas tout en France, ce n'est pas une valeur en soi comme aux States.

codotusylv a écrit :Les étrangers (américains et autres) se sont intéressés à IAM, à MC Solaar, et plus récemment à PNL, comme ils s'étaient intéressés à Serge Gainsbourg, à Jacques Dutronc ou à Brigitte Fontaine. Pas le grand public, mais il est faux de dire que c'est une question d'accès.

Oui j'avais pas vu comme ça

codotusylv a écrit :Ils ont fait évoluer le game, en France. Tout comme les yéyés, qui ont été les plus gros game changers de la musique populaire française.

Oui pour la variété, gros game changers, mais les yéyés n'ont rien fait évoluer dans le rock, c'était copié-collé US. Un peu comme NTM ou IAM avec le rap US, copié-collé aussi. Mais y a eu digestion ensuite, PNL ramène un cloud sauce latine qui n'existe pas aux US, Jul ramène l'influence Raï en samplant de la dance, pas de ça non plus aux States, etc. MHD et son afrotrap, etc. Ca a fait évoluer le rap. C'est singulier.

codotusylv a écrit :Il n'y a pas eu de Velvet, de Pink Floyd ou d'Hendrix en France, mais il y a eu un Gainsbourg. Il n'y a pas eu de Velvet, de Pink Floyd ou d'Hendrix en France, mais il n'y a pas eu de Dr. Dre ou de Wu-Tang Clan non plus.

Je parlais de l'esthétique, donc si, il y a eu pleins de Dre en France et de Wu-Tang Clan. La fin des années 90 a été rempli de sample de soul genre Wu, pareil Secteur A et Dre. Du rock psyché type Pink Floyd en France ? Velvet ? Là, rien, je vois pas, ... Sauf à sortir un groupe sympa qui a tenté, genre Magma, mais Magma a touché un public très confidentiel, pas de succès commercial.

codotusylv a écrit :Quant au mépris culturel, c'est exactement ce dont ont souffert les yéyés, et dans leur lignée l'ensemble des musiques anglo-saxonnes, auxquelles ils étaient associés.

Encore une fois, les yéyés et ses boomers se sont fait moquer dans les années 70 par les puristes, ça a duré 5mn, car ils ont ensuite dominé l'espace culturel. Le symbole: Johnny et son enterrement avec les présidents français, ça ressemblait à tout sauf à du mépris.

codotusylv a écrit :Bref, on veut flatter notre fierté nationale en proclamant haut et fort l'importance du rap français, alors qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil. C'est juste qu'on appelait autrefois la variété-rock "variété", alors qu'on appelle désormais la variété-rap, "rap" tout court.

C'est là où je comprends pas. Mettre sur le même plan rock français et rap français n'a pas de sens. Le rap français a une particularité que n'ont pas les autres courants musicaux français: une domination des ventes et des esprits des jeunes sur une longue période, genre 20 ans. Et rap français analogue à de la variété? A part Maitre Gim's ou Soprano qui font l'attrape tout en rappant-chantant-dansantlasalsa, je ne vois pas de mélange des genres chez les gros vendeurs qui dominent. Booba, PNL, Nekfeu ne font pas l'attrape-tout.

hera a écrit :Accept no substitutes.

Là on est mal parti :-)) Sinon, on en revient à l'exemple du foot... C inventé au UK, alors celui d'Allemagne ou du Brésil sont des "substitutes". Le rock vient des US, alors les Beatles, Pink Floyd, les Stones, substitutes ? Et comment tu fais pour la musique électronique ? Qui serait substitute/original ? :-)))

Tout ça pour raconter que ce n'est pas flatter son chauvinisme que de voir que le rap français n'est pas un rap us "dégradé", un "substitute" comme les yéyés l'étaient avec le rock en copiant-collant. On a plus affaire à une musique qui suit le rap us et s'adapte à une sauce française. Le manque d'innovation peut être criant, mais la digestion rejette parfois la singularité que j'essaye de retranscrire. Ce qui est intéressant, c que les Rita, Noir Désir, Téléphone etc ont tenté comme NTM, Solaar, IAM début 90, faire un truc sauce française, sauf que ça n'a pas pris pour le rock, donc pas de digestion, mais ça a pris pour le rap, et je sais pas pourquoi.

Tout ça aussi pour dire que je ne dois pas être très clair, la dernière fois que j'avais posté dans un forum, c'était dans hiphop section et j'avais tous mes cheveux
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#51
Il faudrait couper cette conversation en quatre.

ice-axe a écrit :Booba dans 7/8, c comme Gynéco avec Sarko, on est dans la "bête curieuse", l'anecdotique.

Alors qu'Obama c'est la norme?
Mais non en fait, je peux en sortir plus: Hollande qui invite Youssoupha à son rassemblement, Kery James et Royal, Rim-K et Mélenchon, c'est presque usant de faire cette liste.

Citation :Ça n'a pas la même proportion que des rappeurs US dans les médias mainstreams, sans parler des institutions. Pour un exemple "bête curieuse" pour un courant qui domine les ventes depuis 20 ans (et faut réfléchir pour se souvenir d'un Booba à 7/8), tu as en comparaison aux US, pour un même mouvement qui domine les ventes, des milliers d'exemples.

Toutes proportions gardées il y a 6 fois d'Américains que de Francais; donc, au bas mot, 6 fois plus de chaines de télés, 6 fois plus de capital à investir, 6 fois plus d'auditorat a captiver, etc. Cela dit Gynéco était aussi a la télé avec Hanouna (qui a fait énormément d'apparitions pour les rappeurs, au passage), Joey Starr était juge de la Nouvelle Star, et j'ai vu passer une video de Black M avec Julien Lepers (que je n'ai pas cliqué, je ne suis pas fou).

Citation :Les gros rappeurs US sont en permanence sur les plateaux des médias mainstream. J'ai jamais vu un Jul, un PNL, un Damso dans un média mainstream alors qu'ils sont disques multi-platines. Ce serait impensable aux Etats-Unis.
Je pense que tu as une vision un peu large du "mainstream" américain. Mais: non. Eminem et Lil Wayne, ils ne passent pas a la télé, et ils vendent plus que tous les autres rappeurs réunis. Entre Canal+ et Arte, je peux te garantir que tous les rappeurs français ont eu leurs 5 minutes d'écran en grande écoute.

Citation :Justement, je ne pense que l'exemple des yéyés soit bon. Si l'élite l'a méprisé au début, quelques années?, ils ont vite été acceptés, contrairement à 30 ans de rap français. Par exemple, les yéyés ont été à la télé durant toute mon enfance (année 80-90) alors même que le phénomène était fini. Les yéyés n'ont pas connu le mépris.

Pour toi, le nom "yéyés" c'est positif? Note que Gainsbourg et Polnareff sont des yéyés - le phénomène est fini mais les écrits restent = je vais sauter quelques paragraphes, mais si pour toi Jul a changé quelque chose au rap, ces deux là sont des
émeutiers.

Citation :Mais y a eu digestion ensuite, PNL ramène un cloud sauce latine qui n'existe pas aux US, Jul ramène l'influence Raï en samplant de la dance, pas de ça non plus aux States, etc. MHD et son afrotrap, etc. Ca a fait évoluer le rap. C'est singulier.

Pour moi ce ne sont que des déclinaisons de styles déjà existants... Le rap a toujours samplé la musique populaire - pour certains c'est la soul, pour d'autres c'est le rock, ou bien le rai. Quand Mo-Suave-A samplait Mulatu Astatke, c'était pas de l'afrotrap?

Citation :Du rock psyché type Pink Floyd en France ? Velvet ? Là, rien, je vois pas, ...
Cela dit ce sont aussi des groupes basés sur des personages uniques. Quid de Catherine Ribeiro et Alpes? Jacques Mercier et Dynastie Crisis (qui joueront avec Polnareff)? Ce sont des groups fort honorables.
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#52
Vincent, j'ai bien peur que tu réinventes un peu l'histoire à ta guise.

Bien sûr, aucun d'entre nous n'était né dans les années 60, donc c'est excusable, mais à l'époque les yéyés ont été atrocement, terriblement méprisés. Ils étaient vus comme des marchands de sucettes pour les mômes, et le dédain de l'élite française à leur égard était violent, il était total. On les prenait pour des attardés mentaux, il y avait un fort préjugé de classe à leur égard, et ça a duré bien plus que 5 minutes, crois-moi. Ce qui n'empêchait pas une forte marchandisation du mouvement, exactement comme le rap français des années 90.

Si tu parles de la couverture des yéyés dans les années 80-90, c'est autre chose. Il faut la comparer au traitement de la génération rap des années 90 par les médias d'aujourd'hui. Et NTM, Doc Gynéco, etc. aujourd'hui, ils sont là, ils sont invités, ils font des films ou ils s'affichent avec des hommes politiques. Tout simplement parce que la génération qui anime les médias aujourd'hui, c'est celle qui a grandi en les écoutant. C'est tout comme Johnny et les autres dans les années 80.

Le problème, c'est que tu compares deux mouvements musicaux à des moments différents de leurs histoires. Mais en vérité, leur cheminement est quasiment le même. Un nouveau mouvement arrive, on se fout de sa gueule, et cinquante ans après il fait partie du patrimoine national. Macron était à l'enterrement de Johnny, certes, mais de Gaulle s'en foutait comme de sa première chaussette.


Gnou a bien répondu à la plupart de tes points, je voulais juste insister sur celui-là.


L'autre point peut-être, c'est quand tu pointes la différence de traitement entre la France et les US. Il y en a une, en effet, mais elle est vraie pour le rock et le rap. Le rock, le rap, ce sont des cultures américaines, elles font partie de leurs vies, ces gens consomment d'ailleurs plus de musique que nous. C'est leur culture. Alors qu'en France, c'est vu comme quelque chose d'invasif. Ça irrite, ça ranime un bon vieux chauvinisme, ainsi qu'un snobisme culturel profondément ancré dans notre pays. C'est vrai pour le rap, comme ça l'a été pour le rock.
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#53
Bon, je ne résiste pas à l'envie de répondre à deux ou trois autres trucs.

ice-axe a écrit :Tout ça pour raconter que ce n'est pas flatter son chauvinisme que de voir que le rap français n'est pas un rap us "dégradé", un "substitute" comme les yéyés l'étaient avec le rock en copiant-collant.

C'est un gros jugement de valeur, et il est erroné. Comme Gnou l'a souligné plus haut, tout n'était pas à jeter dans les yéyés. Et je ne l'ai jamais écouté, mais si j'en crois ce que Pierre Evil m'a dit un jour, le Johnny de la fin des années 60 était très honorable, et tout à fait comparable en qualité avec la pop anglaise. Tout cela est en fait très comparable à NTM : une déclinaison tout à fait présentable de formules anglo-saxonnes, mais qui n'apporte pas grand chose de plus à l'original, sinon la langue française.

Ce n'est sans doute pas ce que tu as envie d'entendre, mais NTM, c'est Johnny.


ice-axe a écrit :Ce qui est intéressant, c que les Rita, Noir Désir, Téléphone etc ont tenté comme NTM, Solaar, IAM début 90, faire un truc sauce française, sauf que ça n'a pas pris pour le rock, donc pas de digestion, mais ça a pris pour le rap, et je sais pas pourquoi.

Ben si, ça a pris pour le rock. Les Rita, Téléphone et Noir Désir ont été des groupes super populaires, qui ont vendu des tonnes de disques. Ils sont les équivalents de Nekfeu ou de PNL, voire des NTM et IAM, soit la frange la plus crédible du rock (ou du rap) français.


ice-axe a écrit :Je parlais de l'esthétique, donc si, il y a eu pleins de Dre en France et de Wu-Tang Clan. La fin des années 90 a été rempli de sample de soul genre Wu, pareil Secteur A et Dre. Du rock psyché type Pink Floyd en France ? Velvet ? Là, rien, je vois pas, ... Sauf à sortir un groupe sympa qui a tenté, genre Magma, mais Magma a touché un public très confidentiel, pas de succès commercial.

Les Pink Floyd français, c'était Ange, et ils ont eu six disques d'or.

Et le Velvet Underground n'a pas connu de succès commercial de son vivant.
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#54
Je m'exprime mal...

On a pas la même définition des mots... Je comprends que mépris pour toi est celui du rock critique pointu qui collectionne les vinyles. Pour moi, c plus l'accès aux médias et aux institutions.

C'est pour ça que pour moi, les yéyés n'ont pas été méprisés, dès le début ils ont eu accès aux télé crochets et à la radio. La presse les a encensés. T'as 40 mecs sur la photo Salut les copains qui ont pignon sur rue, c'est une période doré grosso 1960-1965. Le rap français a un seul Solaar aperçu sur 1990-1995 et un boycott total télé et radio pour le reste. Ce n'est pas réécrire l'histoire que constater ce décalage, pourtant 2 mouvements tournés vers la jeunesse.

Pour Gnou, je comprends pas trop, j'ai pas les mêmes sources car considérer Gainsbourg comme un yéyé, ou Eminem pas exposé médiatement alors qu'Hollywood fait un film sur lui à son sommet là où Joeystarr et Doc Gynéco doivent attendre 20 ans pour que la TNT les invite...

codotusylv a écrit :Ben si, ça a pris pour le rock. Les Rita, Téléphone et Noir Désir ont été des groupes super populaires, qui ont vendu des tonnes de disque. Ils sont les équivalents de Nekfeu ou de PNL, voire des NTM et IAM, soit la frange la plus crédible du rock (ou du rap) français.

Pareil, je m'exprime mal. Rita/Téléphone/rock français a certes vendu un paquet comme NTM, Solaar, mais c la digestion qui n'a pas opéré. Soit une seconde génération puis une troisième qui vendent autant. Juste à Marseille, quand IAM fait disque platine, puis FF puis Soprano puis Jul. Le rock français digère pas... Y a-t-il des groupes de rocks français qui se succèdent sur 25 ans dans une ville en province qui enchaîne des disques de platine ? Et je parle même pas de Paris. C'est cette digestion que je ne comprends pas.
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#55
Je ne pense pas que tu t'exprimes mal, je pense juste que tu t'appuies sur de mauvais présupposés.

Le mépris envers les yéyés ne venait pas des critiques pointus, bien au contraire. Au début, Johnny était chroniqué par la presse spécialisée comme l'égal des Anglais ou des Américains. Exactement comme la presse papier rap à la Radikal, RER, etc. mettait Français et Anglo-saxons sur un même pied. En 1968, Johnny, c'était respectable. Il a été ringardisé par la génération ultérieure de critiques. Et il les a beaucoup aidés, à vrai dire, en courant maladroitement et ridiculement après toutes les nouvelles tendances musicales.

A l'inverse, le rap français a eu accès aux institutions et aux médias, à la grande époque des années 90, qui est complètement parallèle à celle des années 60 pour les yéyés. Je ne sais pas où tu as passé les années 90, mais à l'époque on voyait bel et bien MC Solaar, NTM, IAM, Doc Gynéco à la télé. Leurs clips passaient en boucle sur M6 et ils étaient invités sur Canal. Tu n'as regardé que TF1 à l'époque ou quoi ?

Il est juste retombé dans l'underground dans les années 2000, à la grande époque du rap racailleux. Ça correspondait d'ailleurs à la crise du CD, qui a aussi touché, quoique de façon moindre, leurs cousins américains.

Sinon, Serge Gainsbourg était bel et bien un yéyé. Regarde bien la photo ci-dessous, tu repéreras facilement l'homme à tête de chou.

[Image: lescadeaux-de-l-echo-coffret-salut-les-c...88653.jpeg]

Enfin, il y a eu des groupes de rock français à succès pendant des décennies, des yéyés dans les années 60 à Noir Désir dans les années 90. Ils étaient légèrement moins visibles dans les années 70, mais exactement comme les groupes de rap français dans les années 2000. Et Johnny a été une superstar pendant 50 ans, avec des disques d'or et tournant dans toute la francophonie. Et il n'est pas le seul.
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#56
codotusylv a écrit :Je ne sais pas où tu as passé les années 90, mais à l'époque on voyait bel et bien MC Solaar, NTM, IAM, Doc Gynéco à la télé. Leurs clips passaient en boucle sur M6 et ils étaient invités sur Canal. Tu n'as regardé que TF1 à l'époque ou quoi ?

Beaucoup TF1 et Dorothée ou Giga sur A2...
Sur 1990-1995, Gynéco existe pas, à part sur le 2e du MA qui passe nulle part. Sinon NTM passe nulle part. IAM a le clip du Mia sur M6 comme Solaar, c'est tout. Tu les vois pas chez Drucker, Foucauld, Sabatier, Sébastien, en prime, bref à la "variété" attrape tout. Ils n'existent pas, sauf à considérer une participation à Ciel mon mardi de 2 heures au même niveau que le flux continue de l'ORTF et les shows des Carpentier + Europe 1 qui déversent du yéyé pendant plusieurs années. 2 mouvements de jeunesse dont l'un a eu accès aux médias pour se développer et l'autre non.

La suite, après 1995, change la donne avec Sky, Radikal...

Serge Gainsbourg et yéyé: Wikipédia, "yéyé", c ma source
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#57
ice-axe a écrit :Pour Gnou, je comprends pas trop, j'ai pas les mêmes sources car considérer Gainsbourg comme un yéyé, ou Eminem pas exposé médiatement alors qu'Hollywood fait un film sur lui à son sommet là où Joeystarr et Doc Gynéco doivent attendre 20 ans pour que la TNT les invite...

Je n'invente rien.

[video]https://www.youtube.com/watch?v=2a2rrdti8XM[/video]

Pour ce qui est de 8 Mile, ce n'est pas un film "Hollywood," il a été financé par Interscope. Mais j'ai une réplique parfaite pour toi: Yamakasi. Les deux fictionalisaient les pratiques des djeunz qui veulent sortir du hood. Si La Haine et Ma 6-T va crack-er (avec Mystik et Stomy, en passant) sont comparables à un Boyz In the Hood et Menace 2 Society, Yamakasi c'est le 8 Mile franco. Combien d'apparitions de rappeurs dans le films de Besson ou Eric et Ramzy (B.O. incluses)?

ETA:

Citation :Sinon NTM passe nulle part.

NTM chez Ardisson (Antenne 2) en 1991: https://www.dailymotion.com/video/xblf24
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#58
codotusylv a écrit :Je ne sais pas où tu as passé les années 90, mais à l'époque on voyait bel et bien MC Solaar, NTM, IAM, Doc Gynéco à la télé. Leurs clips passaient en boucle sur M6 et ils étaient invités sur Canal. Tu n'as regardé que TF1 à l'époque ou quoi ?

Beaucoup TF1 et Dorothée ou Giga sur A2...
Sur 1990-1995, Gynéco existe pas, à part sur le 2e du MA qui passe nulle part. Sinon NTM passe nulle part. IAM a le clip du Mia sur M6 comme Solaar, c'est tout. Tu les vois pas chez Drucker, Foucauld, Sabatier, Sébastien, en prime, bref à la "variété" attrape tout. Ils n'existent pas, sauf à considérer une participation à Ciel mon mardi de 2 heures au même niveau que le flux continue de l'ORTF et les shows des Carpentier + Europe 1 qui déversent du yéyé pendant plusieurs années. 2 mouvements de jeunesse dont l'un a eu accès aux médias pour se développer et l'autre non.

La suite, après 1995, change la donne avec Sky, Radikal...

Serge Gainsbourg et yéyé: Wikipédia, "yéyé", c ma source
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#59
Yamakasi, la haine, ma 6 té, ça ne participe pas à légitimer un rappeur pendant sa gloire. G pas vu un biopic sur AKH par exemple quand il vendait des millions. Ça ne parle même pas de musique tout court. Quand Gnou dit qu'un joeystarr a une exposition médiatique comme Eminem dans son pays sous prétexte qu'il est sur la TNT 20 après ma Benz, alors que l'autre a un film sur sa vie en sortie internationale et Oscar à son summum (c ça Hollywood, problème de la définition, le nom précis du studio importe pas là), je trouve que c pas comparable.
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#60
A l'époque du Golf-Drouot, Johnny et les autres n'étaient également connus que de ceux qui connaissent. Ils étaient des bêtes curieuses.

Et l'ORTF, c'était pas du yéyé H24, faut arrêter les frais.

Quant à Europe 1, oui. Tout comme Skyrock avec le rap.
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