PNL

[The Notorious S.Y.L.V.]

Bon, puisque le topic rap français parle à 75% d'eux, autant leur dédier un topic à part.

A propos, il y a des gens qui viennent de se pencher sur leur cas : https://soundcloud.com/nofunshow

[The Lovely Playa]

L'album est excellent. Je me lasse pas de leur formule même sur 17 titres.

D'ailleurs, je trouve qu'ils maîtrisent encore mieux leur interprétation sur cet album (c'était déjà très bien sur Que La Famille) notamment sur Oh lala, Mexico, Porte de Mesrine et Tempête, qui s'avèrent être mes morceaux favoris aussi.

[The Notorious S.Y.L.V.]

Je n'ai écouté l'album qu'une fois, donc pas assez, mais j'ai grosso modo le même ressenti - et je distinguerais aussi les mêmes morceaux.

[Cidrolin]

Même chose, malgré le tapage des derniers jours, je n'ai pas encore pu écouter "consciencieusement" cet album. Après une première écoute j'apprécie toujours autant, si ce n'est plus, les morceaux clippés avant sortie et surtout "Oh Lala". Pour les nouveautés, pareil, "Porte de Mesrine" & "Mexico"... Il y a quelques couplets bien puissants disséminés çà et là qui te font plonger direct dans leur monde de dealers neurasthéniques. En revanche certains refrains me paraissent un peu rincés ("J'vends").

Cet album c'est de l'énergie à froid. C'est étrange. Quelqu'un a parlé de concept-album, comme si tout le truc tournait autour de la même formule (les derniers chants autotunés du dealer dépressif). C'est pas faux, et on pourrait craindre un essoufflement pour l'avenir, si tant est qu'ils continuent à sortir des trucs. Enfin au final, ça fonctionne tellement bien, leur duo, les prods cloudrapmachinchosedel'espace, les paroles simples efficaces...

[koigatabriel]

je ne veux pas revenir sur tout ce qui a été dit quant à ce qui fait de PNL, ni même plus spécifiquement de ce disque, un moment important du rap français, l'essentiel a été dit par Nicolas PBS et codotusylv, voire quelques autres (très) rares journalistes éclairés

mais un truc que je n'ai pas encore vu dit et qui me fait pas mal réfléchir ces derniers temps, c'est le côté "nouvelle génération" d'Ademo et N.O.S qui font référence à leur père gangster et qui n'ont plus ni ce tropisme du bled tellement cher et propre (et relou) au rap français, ni cette même relation vis-à-vis du père ou de la mère (par défaut dans leur cas) : au-delà du côté orphelin, ce qui transpire dans leurs textes et qui est intéressant si on se lance dans une hasardeuse lecture mi-socio mi-politique, c'est le côté enfants d'immigrés de 3e génération où le rapport au bled (et peut-être le côté haineux envers la France ?) est tellement distendu qu'il ne participe même plus d'une mythologie fondatrice et qu'il n'a de fait plus aucune importance, sinon d'être aussi peu rassurant que la vie en banlieue française, d'où le sentiment d'enfant sauvage : ni l'un ni l'autre ne permettent de s'évader de leur vie pourrie

on voit d'ailleurs l'obsession habituelle pour le bled remplacée par des idéaux exotiques, j'oserais presque dire des tristes tropiques parce que ce sont des imaginaires fantasmés et pris en tant qu'ils représentent des espaces de fuite : Mexico ou Miami et l'Espagne pour leur soleil, l'Islande (à travers le clip de Ohlala) pour son côté autre planète ("chaque jour je rêve que c’est sur la Lune que je me tire") voire Namek, etc.

d'ailleurs, en continuant la déconstruction des tropes du rap français, j'ai l'impression que l'Amérique latine n'est pas louée que pour son côté cartel/scarface/image de danger, etc. mais aussi (sinon surtout) pour son art de vivre, c'est en tout cas ce que l'idée d'évasion qui est évoquée dans "Mexico" et le son de balade me fait penser, les mecs ont l'air de dégager une sérénité de l'idée de Mexico, alors même que de manière générale, ils ne choisissent pas le crime par plaisir

en fait je crois que c'est surtout ce caractère ambigu qui me fascine chez eux, et qui me rappelle un peu inconsciemment young thug, voire future, bref tout ce blues de gangster — mais qui est encore plus nouveau, peut-être parce qu'il sonne plus sincère

j'avais un peu développé la question pour un copain qui ne comprenait pas ma passion pour "halftime", c'est un peu pompeux maintenant que je le relis, excusez :

j'ai envie de dire que c'est une des plus impressionnantes compositions de Barter 6 mais je pourrais dire ça de chaque morceau séparément

reste que cette chanson de rap, entre litanie lancinante, invocation du diable, éloge de la dolce vita en mineur, gammes sous amphétamines, revient quasiment à chacune de mes écoutes de la tape

le cri du début qui résonne dans la moelle des os, comme un loup garou qui appelle sa meute pour le rejoindre dans une promenade nocturne, et surtout ce "hey, let's have a good time... heyy let's have a very good time" où les mots se transforment en phonèmes dont on ne capte le sens potentiel qu'au bout de la millième écoute

young thug qui déforme la langue au point de n'en faire plus que des sons, qu'une mélodie qui retranscrit le sens des paroles sans avoir même besoin d'en comprendre les termes et la syntaxe ou quoi que ce soit : une inquiétante invitation au bon temps, sorte de noyade dans les psychotropes, divertissement pascalien pour fuir sa condition et l'inanité

la prod est aussi dans la veine des meilleures compositions de young thug : toute l'énergie et la mythologie rapistique teintées d'une tonalité mineure et d'une inquiétude ayant pour effet de nous faire valser sur deux pieds, sans trop savoir — hymne de fête ou bande son d'un bad trip

le fun apparaît comme vaine tentative d'échapper à la vacuité de la vie où les icônes des clips de rap se diluent dans une mélancolie illicitement accentuée au point de tout diluer dans un brouillard d'où sortent des échos de souvenirs ramassés au coin des rues de ghettos arpentés en voitures de luxe aux vitres teintées ; même les bruits de pistolets sont résumés à un bruit de bouche inoffensif

on retrouve aussi ça ici, mais "Mexico" me fascine encore plus et est à mon sens le morceau le plus ambitieux de leurs deux projets parce qu'il ajoute d'un point de vue purement français un côté nouvelle chanson française, un genre de nino ferrer d'aujourd'hui : t'enlèves les paroles mais tu gardes la mélodie des flow et la prod, tout y est

j'aimerais presque qu'ils arrêtent tout maintenant, de peur d'être déçu par la suite et au risque que ça gâche un peu idiotement le plaisir de qlf et le monde chico

[The Notorious S.Y.L.V.]

Sur l'aspect troisième génération, oui, il pourrait y avoir de cela.

Je ne suis pas un connaisseur en rap français, donc je vais sans doute dire des conneries, mais toute cette rancoeur envers la France, tout ce trouble identitaire, qui me semblait assez central dans le genre, n'est pas franchement présent chez PNL. Il y a juste quelques mots d'argot d'origine arabe, mais c'est plus pour souligner leur appartenance au monde "dangereux" des cités que le bled, en effet.

[Pell Rell]

koigatabriel -> c'est ce que j'avais essayé de dire, à un moment, dans le bilan de mi-saison de l'abcdr où on parlait de PNL. Quand j'ai dit "leurs références à Vegeta et Simba ne sont pas gratuites, c'est des personnages qui ont la même histoire qu'eux" ... j'ai juste pas, ou très mal, développé parce que j'étais un peu en roue libre et plein de bières.

En gros, pour ceux qui ne connaissent pas Dragon Ball, Vegeta est un prince, fils du Roi Vegeta. Il vient de la planète Vegeta (hum) qui a été détruite. Il fini par venir vivre sur Terre... où il n'est ni Prince ni rien, voire pire (à ses yeux) juste l'ombre du vrai héros de l'histoire (Goku).
Bref, il vit dans un Monde qui n'est pas le sien... et en plus n'a plus de lieu "physique" d'origine, de repli. Tout ce qui lui reste pour garder un peu d'orgueil c'est le sang royal qu'il tient de son père.

Bon, pour le Roi Lion, j'imagine que vous avez tous vu le film. Refaites vous le même cheminement avec Simba, chassé de son royaume, Scar, blablabla.

Dans l'absolu c'est pareil avec Tony Montana et Cuba.

[koigatabriel]

codotusylv > pas assez connaisseur non plus en la matière mais c'est ce qui me semblait aussi et du coup ce que j'essayais de dire

pell rell > "tout ce qui lui reste pour garder un peu d'orgueil c'est le sang royal qu'il tient de son père", voilà, exactement, à la différence près pour PNL, peut-être qu'il n'y a pas tant cette fierté des origines (leur sang royal à eux, en somme) parce qu' "origines" ça ne veut plus rien dire pour eux et c'est ça qui les pousse à trouver une identité ailleurs

bref on est tous d'accord

[The Notorious S.Y.L.V.]

Du coup, pas forcément. Parce que si j'interprête bien ce que dit Pell Rell, les origines comptent aussi chez PNL.

Le rapport avec Vegeta et Simba, je l'explique davantage pour le côté manque de père, manque d'affection, difficulté à trouver sa place dans le monde (par rapport à leur identité de types des cités, pas de descendants d'Algériens, mais c'est peut-être la même chose en fait).

[koigatabriel]

ah effectivement, on peut voir ça à un niveau plus subtil

j'avais pris ce que dit Pell Rell pour le côté du père uniquement (d'où vient ensuite une volonté de trouver son identité puisqu'ils laissent entendre avoir été élevés par les loups), et j'avais ensuite gardé mon interprétation au niveau des origines (la fuite vers des genres de paradis artificiels dans lesquels ils mettent ce qu'ils veulent, et notamment les visions un peu stéréotypées de la culture pop)

rien à voir mais sur dans ta rue, quelqu'un comprend le refrain "joue le thug, joue la folle" ? parce que j'écoute trop de rap américain, j'ai l'impression de voir une description de young thug mais je suis sans doute pas assez au courant du jargon caillera ? il n'y a rien sur genius

[Malamati]

koigatabriel -> c'est ce que j'avais essayé de dire, à un moment, dans le bilan de mi-saison de l'abcdr où on parlait de PNL. Quand j'ai dit "leurs références à Vegeta et Simba ne sont pas gratuites, c'est des personnages qui ont la même histoire qu'eux" ... j'ai juste pas, ou très mal, développé parce que j'étais un peu en roue libre et plein de bières.

En gros, pour ceux qui ne connaissent pas Dragon Ball, Vegeta est un prince, fils du Roi Vegeta. Il vient de la planète Vegeta (hum) qui a été détruite. Il fini par venir vivre sur Terre... où il n'est ni Prince ni rien, voire pire (à ses yeux) juste l'ombre du vrai héros de l'histoire (Goku).
Bref, il vit dans un Monde qui n'est pas le sien... et en plus n'a plus de lieu "physique" d'origine, de repli. Tout ce qui lui reste pour garder un peu d'orgueil c'est le sang royal qu'il tient de son père.

ouai bon ok ça colle bien tout ça, mais tu crois que c'est vraiment réfléchi?
Pour le côté orphelin qui trouve pas sa place j'y crois, le reste c'est plutot intuitif à mon avis.

[Lewis Riveroy]

Bon, apparemment je passe un peu à côté du truc. Je suis le seul à trouver ce disque un peu ennuyeux sur la longueur? Je dis pas, c'est à des années lumières des autres trucs de rap français bien mauvais, mais voilà quoi c'est pas non plus l'extase je trouve. Enfin je sais pas faut peut-être que je passe plus de temps à l'écouter.

[Pell Rell]

Malamati -> on saura jamais, mais mon intuition est que ce n'est pas fait exprès/consciemment non. en ce qui me concerne je crois pas que ce soit ce qui est important, le fait est que c'est là et comme ça

[geL-]

Bon, apparemment je passe un peu à côté du truc. Je suis le seul à trouver ce disque un peu ennuyeux sur la longueur? Je dis pas, c'est à des années lumières des autres trucs de rap français bien mauvais, mais voilà quoi c'est pas non plus l'extase je trouve. Enfin je sais pas faut peut-être que je passe plus de temps à l'écouter.

Non je trouve assez faible et ennuyeux aussi.

Je sauve Oh lala / Mexico / porte mesrine / dans ta rue et Laisse.

5 morceaux donc c'est peu.

[blackmir]

Drogue à montée lente.